Le 19 janvier 2012, le FBI a procédé à la fermeture de la plateforme d’hébergement et de partage
Si l’affaire est encore au stade de l’enquête (MEGAUPLOAD n’a pas encore été condamné), la nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans un contexte de baisse du marché de la musique (-3.9% en 2011 en France selon les chiffres du SNEP).
Le site MEGAUPLOAD régnait depuis 2005 en maître sur le téléchargement en direct download et sur le visionnage des fichiers en streaming dans le monde (via MEGAVIDEO). Bien qu’hébergeant également des fichiers légaux, ce site est vite devenu une plateforme pirate,….mais en même temps une plateforme proposant une base de données assez étoffée.
La problématique de la diffusion des œuvres sur internet est particulièrement épineuse. S’il est impératif d’encourager la création en assurant une rémunération juste des ayants-droits, les biens culturels ne peuvent être réduits à leur seule valeur marchande, et c’est en cela que la fermeture de MEGAUPLOAD a créé un vent de révolte. Les sites illégaux sont en effet nés de la difficulté des offres légales existantes à répondre pleinement aux besoins des consommateurs.
La lutte contre le piratage par la répression est bien entendu nécessaire mais insuffisante. On se souvient de la fermeture de NAPSTER en 2001, qui n’a pas empêché le développement d’autres sites illégaux. Aujourd’hui encore à la suite de la fermeture de MEGAUPLOAD, les internautes se sont repliés sur les plateformes de Peer2peer (pour exemple : T411, EMULE, THE PIRATE BAY) et de multiples mouvements se soulèvent pour lutter contre cette situation (parmi lesquels on peut citer Anonymous et La Quadrature du Net).
Il est donc impératif de coupler les moyens de répression à la mise en place d’une véritable offre légale attractive. En France, le volet répressif (HADOPI) a déjà permis de diminuer quelque peu le nombre de pirates via une démarche pédagogique, mais ce process reste seul insuffisant. Quelques sociétés tentent toutefois d’imposer un modèle légal (DEEZER, SPOTIFY, BEEZIK, etc) et véhiculent un message d’espoir quant à la conciliation des intérêts des ayants-droits et des consommateurs.
Il est donc urgent de réfléchir à des modèles permettant de concilier définitivement tous les acteurs de la filière avec les consommateurs, dans le but de faire primer la création. Il convient de mettre en place des modèles économiques innovants, que ce soit via des modèles payants de monétisation des contenus (téléchargement à la carte, personnalisation du mobile, abonnement) ou via des modèles gratuits (webradio, streaming, partage de vidéos). MEGAUPLOAD a en effet démontré que les internautes étaient prêts à payer (ouverture de comptes « premium ») en échange d’un accès illimité à la base de données (175 millions de dollars auraient été saisis par le FBI sur les comptes MEGAUPLOAD). Cette solution est cependant encore loin de faire l’unanimité (ce d’autant plus que la fiscalité mériterait d’être revue dans ce secteur)….mais nécessaire pour sortir de cette crise en 2012 !