La chronologie des médias : une réforme nécessaire

19 juillet 2017 - MEDIAS

La sortie d’un film en SVOD 3 ans après sa sortie en salle est-elle toujours d’actualité ?

1/ La chronologie des médias, inchangée depuis l’accord de 2009, continue de préoccuper les professionnels de l’industrie audiovisuelle

Le calendrier de sortie des films sur les différentes fenêtres en fonction des supports de diffusion ne semble vraiment plus adapté.

La chronologie des médias était sur toutes les langues lors du dernier Festival de Cannes, suite à la projection du film Okja produit par Netflix.

A peine quelques mois depuis son arrivée au Gouvernement, la Ministre de la culture Françoise Nyssen, s’empare du sujet, et souhaite dessiner une nouvelle chronologie des médias. Une discussion est en cours sur les règles régissant la chronologie des médias (délais minimums imposés entre les diffusions au cinéma, DVD, télévision, SVOD…). Une série d’auditions étaient notamment prévues ce mercredi 12 juillet 2017 à 9h par la commission de la Culture du Sénat et qui rassemblait les producteurs, créateurs, exploitants et distributeur.

Alors qu’aujourd’hui, en France, la chronologie des médias impose un délai de 4 mois entre la sortie d’un film au cinéma et son exploitation en vidéo (vidéo ou VOD avec paiement à l’acte). Les chaînes payantes ayant conclu un accord avec les professionnels du cinéma (comme Canal+), doivent attendre 10 mois avant de proposer un film à ses abonnés. Pour celles qui n’ont pas conclu d’accord, le délai est à 12 mois. Pour qu’un long métrage arrive sur une chaîne en clair, il faut patienter 22 mois. Et l’attente est de 36 mois, soit trois après le sortie salle, pour profiter d’un film en VOD par abonnement sur un service dédié (SVOD).

La renégociation future de la chronologie des médias est donc indispensable au vu de l’essor des services de VOD.

2/ Une partie des professionnels du secteur la considère inadaptée à l’ère numérique qui bouleverse à l’entrée des nouveaux acteurs

Différentes pistes sont possibles : de l’avancement au coulissement de certaines fenêtres, à la simultanéité des sorties salles et disponibilité VOD.

  • CANAL + souhaite que sa fenêtre d’exploitation soit ramenée à 6 mois après la sortie salle et suggère d’avancer de 4 mois les fenêtres de diffusion situées à 22 et 36 mois après la sortie en salles, de façon à les placer à 18 et 32 mois respectivement.
  • Pour NETFLIX, leader de la VOD par abonnement, la chronologie des médias affaiblit le cinéma. Netflix n’est pas intéressé par la réforme de la chronologie des médias et souhaite la sortie simultanée des films en salle et sur Internet. Ce dernier explique, par ailleurs, vouloir accroître de 40% ses investissements dans des productions françaises afin de répondre par anticipation à l’obligation française de participer au financement de la création, tout en enrichissant son catalogue d’œuvres européennes, sans se soumettre à la sortie salle.
  • ALTICE STUDIO : la nouvelle chaîne premium d’Altice (ex-SFR), souhaite voir évoluer la réglementation actuelle, afin que la fenêtre de la vidéo à la demande par abonnement soit ramenée au même niveau que celle de la télévision payante, à savoir 12 mois.

3/ L’absence d’une réforme ambitieuse constitue un vrai frein pour le développement de la SVOD

Il y a un facteur bloquant en France : une fenêtre SVOD à 36 mois.

En effet, les nouveaux opérateurs SVOD sont en train de devenir la première source de financement de contenus (Netflix, Altice et Amazon etc.), ils prennent les risques financiers et souhaite investir en France, il est donc logique qu’on leur accorde une fenêtre d’exploitation plus intéressante.

Le CNC réfléchit depuis des mois à dépoussiérer cette chronologie des médias et faire coulisser la fenêtre d’exploitation SVOD.

Une logique économique est nécessaire et opportune : il faut favoriser la fenêtre de celui qui finance.
La nouvelle chronologie des médias doit s’adapter aux nouveaux enjeux de la création en France. L’avancement du passage des films en SVOD est une nécessité pour s’adapter aux nouvelles opportunités en matière de création, de financement et d’exploitation des films en France.

Cet ajustement permettra en outre, de lutter naturellement contre la piraterie, en s’adaptant aux changements de consommation.

Nous attendons avec impatience le rapport des auditions qui ont eu lieu ce 12 juillet au Sénat.

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